mardi 27 novembre 2012

Chant bleu



D'un bout à l'autre du monde, la baleine traverse les mers et les océans.

Solitaire au fond des noires abysses, elle chante pour se sentir moins seule.
"Où êtes-vous mes soeurs?" dit sa chanson.
Seul le silence lui répond.

Du sud au nord de la terre, la baleine trace sa route, sans s'arrêter. Sans s'arrêter, elle dort et rêve... Dort et rêve d'une petite fille... Qui rêve elle aussi et entend son chant?

Petit point perdu au milieu du grand océan, la petite fille se dirige vers elle et la rejoint.
Minuscule, elle grimpe sur le dos imposant de la baleine. Quelle joie de faire le chemin ensemble!

Le soir, la petite fille est fatiguée.
Elle prend une longue inspiration et se laisse emporter dans les flots qui s'engouffrent dans l'immense bouche.
Quelles secousses!
Puis, c'est l'accalmie...
Dans le ventre rose et chaud de la baleine, la petite se sent bien.
Elle se dépose, se repose.
Toute l'histoire du monde la traverse: l'histoire de l'eau, du vent et des tempêtes, l'histoire des plantes, des animaux et même des humains.
Elle reçoit les récits millénaires de la planète bleue.
Des jours et des nuits, hors du temps...

Un matin, du ventre rose émerge la petite.
La terre est proche, elle doit s'en aller.
Elle glisse le long du grand corps noire et humide de la baleine et se détache.

Quelle joie dans le coeur de s'être rencontrées!
Dans l'immensité bleue des mers, la baleine continue son chemin.
Sur les berges de la terre, la petite fille regarde son amie qui s'en va.
Ses yeux bleus lui disent:"Au revoir! Bonne route!"
Le chant bleu de la baleine lui répond:" Plus jamais je ne serai seule.
Toujours je serai avec toi!"

samedi 24 novembre 2012

Des bagarres


A la maison, on aime tous la bagarre.
Papa se dispute avec maman.
Maman avec Mimoune.
Ma grande soeur Jane avec Roy, le plus grand des garçons.
Et moi avec mon frère jumeau Rock, on se fait des salades aussi.
Il n'y a que Sally, le chien, qui est doux comme le vent du soir sur la plaine en été.

Pour démarrer une bagarre, il suffit d'un seul mot qui fait mal.
On l'appelle le "mot de travers"...
Cornichon- Trognon pourri- Fais ch...- Trou du c.."

Au moment où il franchit nos lèvres, c'est parti comme une poudre de dynamite.
ça fait Pan! Boum boum!
Et même parfois, y a des claques qui se perdent: Paf!

Après, sur le champ de bataille, maman ramasse les blessés, met des pansements et sèche les larmes.

La nuit, le calme revient dans la maison... le silence nous berce dans nos lits.
Et puis le jour se pointe et c'est reparti!

Jusqu'au jour où Sally est parti...! Sur la table de la cuisine une lettre "Mes oreilles n'en peuvent plus de vos cris. J'en ai assez, je pars." Signé-Sally

On a tous ouvert de grands yeux, d'étonnement: d'abord que Sally sache écrire et puis qu'il nous ait quitté...

Sans rien se dire, on a tous compris. On devait changer, parce que nous aussi, au fond, on en avait marre. Et peut-être que Sally allait revenir?

On a décidé- plus un mot de travers à partir de maintenant!
Chacun a trouvé son truc.
Papa a dit que des mots gentils à tout le monde même si son regard était furieux.
Maman chantait tout le temps, des berceuses et se promenait avec son rouleau à tarte qu'elle frappait de temps en temps sur le mur.
Grand-mère, souriait et on a tous bien vu qu'elle n'avait plus qu'une dent.
Jane ne regardait plus personne et passait son temps à se brosser les cheveux avec son revolver.
Roy est resté seul dans sa chambre sauf pour les repas. Il serrait sa fourchette si fort que l'on a eu un peu peur qu'il ne la fourre dans le ventre d'un de nous.
Rock, lui, s'est mis un sparadrap sur la bouche et il n'a plus rien mangé.

Et moi, je suis restée sur le perron de la maison avec les jumelles pointée sur l'horizon, en attendant Sally...

On a tous lutté mais à l'intérieur cette fois.

Les jours ont passé... Toujours pas de Sally.
Le soir du troisième jour sans bagarre, on s'est retrouvé autour du repas. La tristesse est venue manger avec nous. C'est papa qui a craqué le premier. Il y a une larme qui a glissé sur sa joue. Dans le silence, on l'a entendu coulé, comme un cri. Tous, on a suivi. Les pleurs ont glissé dans le potage. Plus on pleurait, plus nos assiettes se remplissaient. On en a bu encore et encore de cette tristesse. On s'est tous pris dans les bras, on s'est fait des bisous, on s'est consolé. Et puis, à un moment ça s'est arrêté. Epuisé, on a tous été au lit. Dans l'air, c'était vraiment calme et apaisant.

Le lendemain, j'ai repris mon poste sur le perron avec les jumelles et là je l'ai vu trottiner vers nous... Je me suis levée et j'ai crié: Sally est revenu!!!


Qui l'a dit...




ç la fourmi noire qui l'a dit à la fourmi rouge
qui l'a dit au scorpion
et lui, l'a dit à la tarentule.
Elle l'a raconté au serpent à sonnettes
qui l'a sifflé à l'oreille du lézard
et les abeilles l'ont aussi entendu.
Les abeilles sont allées le dire à l'écureuil.
L'écureuil l'a gardé un moment
puis l'a transmis au corbeau qui l'a fait savoir
à la vache et au taureau, au chevreuil, au coyote et au mustang en passant.
Le coyote l'a ramené dans sa bande.
La bande des coyotes l'a racontée à celle des chiens sauvages.
Le lynx a écouté le vent alors lui aussi, il a l'a su.
le lynx est allé voir le loup, qui a réfléchit.
Le lendemain, le loup est allé voir l'ours, qui, à ses mots, s'est levé de surprise.

"La panthère noire est revenue dans notre canyon".

Il y a eut un cercle de paroles avec tous, pour décider quoi faire. La rencontrer? La chasser? L'écouter?

Chacun a donné son avis, sans rien pouvoir décider.
Ils sont tous rentrés chez eux, dans le grand silence, sous l'oeil de la lune qui semblait s'amuser.

Le lendemain, chacun se tenait sur ses gardes. Tous avait peur de croiser la panthère, sauf l'ours qui se savait le plus fort.

Ce jour là, sous le soleil brûlant, la terrible panthère est venue voir la fourmi noire, pour lui dire quelque chose.
Puis, elle s'en est allée quelque part, on ne sait où.
Alors la fourmi noire a dit ce quelque chose à la fourmi rouge,
qui l'a dit au scorpion.
Le scorpion l'a dit à la tarentule
qui elle, l'a chuchoté au serpent à sonnettes,
qui lui l'a siffloté au lézard,
qui a fait de même aux abeilles.
Les abeilles l'ont fredonné à l'écureuil,
qui l'a transmis vivement au corbeau.
Le corbeau l'a répandu comme d'habitude à la vache et au taureau,
au chevreuil, au coyote et au mustang en passant.
Le coyote l'a amené à son clan qui s'est dépêché de le dire à celui des chiens sauvages.
Le lynx l'a entendu et l'a transmis en express au loup.
Le loup a un peu réfléchit et à l'aube, il est allé voir l'ours.

Quand l'ours a entendu ça, il est tombé sur son derrière:
"Vous êtes tous cordialement invité à ma fête de bon voisinage.
Ce sera une surprise-party d'enfer, promis!
Signé-la panthère noire
PS/ Ci-dessous mon adresse
"La coquette"
rue des ombres, 1
Chelly Canyon

Le soir, ils y sont tous allés pour rencontrer la panthère noire, leur nouvelle voisine.
La fête était terrible et ils se sont follement bien amusés!

lundi 8 octobre 2012

Bruxelles, Porte de Namur, un samedi fin d'après-midi.


Quand je l'ai vue, elle était couchée, inerte et la foule passait à côté d'elle, en la regardant de travers. Moi aussi, je passe à côté d'elle et en moi, il y a cette impression qu'il s'agit ici de non-assistance à personne en danger. Je m'arrête, deux hommes aussi dans le même mouvement. Nous échangeons «Que peut-on faire?» Ils s'en vont, je me rapproche. Son corps est frêle, elle porte un pantalon kaki, des baskets, un gilet. Je l'appelle en la secouant doucement. Elle se relève à demi et me chasse «Mais va te faire foutre!» Je lui dis «Je voulais juste vérifier que ça allait pour toi. Tu étais couchée là...» «Ouais, mais je suis défoncée!» «Oui, je vois...» Elle se redresse, s'assied et me parle d'elle. Elle a 18 ans, moitié manouche- moitié belge, se shoote à l'héroïne. Elle squatte pas loin. Une dame rencontrée quelques heures plus tôt, lui a proposé de l'héberger. Je me demande où sont ses parents. «Ils se défoncent, alors je fais comme eux.» Le sol se dérobe sous moi. Cette fille est complètement lâchée ou elle a tout lâché. Elle n'a que son chien pour attache «C'est mon seul ami.» Je le regarde, le pauvre et mon coeur a mal qu'il soit embarqué malgré lui, tout jeune et plein d'entrain, dans cette galère.
Je me tourne à nouveau vers elle et je la vois, jeune elle aussi et pleine de promesses mais ses yeux, tout de travers, montrent déjà des signes d'usure. A-t'elle mal de vivre ainsi? Je ne peux mesurer sa souffrance et en même temps, je sens se réveiller la mienne. Mon coeur s'ouvre. J'ai envie de rester près d'elle, de lui parler et d'éveiller le vivant en elle. Quelle prétention! C'est pourtant cette part-là que je tente de rencontrer. Il y a chez elle cette brutalité d'exister, cette façon d'être là, sans s'excuser. Et, à la même échelle, un désir de fuir cette réalité brute et parfois brutale.
«Les gens sont méchants» lance-t'elle et moi «Arrête de te droguer». Nos deux visions du monde se percutent. Les deux sont vraies. De là où je suis, je peux voir la violence qu'elle perçoit dans le monde, violence qu'elle se renvoie en détruisant sa lumière intérieure.
Encore maintenant, je ne peux savoir si cette lumière chez elle s'allumera au moment de ce jour où il sera trop tard et que dans un sursaut d'effroi car touchée par la grâce, sa décision de vivre l'emportera. Tout est possible et peut-être de témoigner de cette rencontre, est-ce plus profondément un appel que je fais à son âme.
Belle vie à toi, petite gitane et MERCI

lundi 24 septembre 2012


Dans le monde du milieu, je découvre les enfants de la lumière, merveilleux alliés qui réjouissent le coeur.
Dans ce même monde, le tambour invite au voyage. Connecté au coeur, des images improbables et poétiques, mais aussi guérisseuses se tissent.
Dans le monde d'en bas, rencontre avec l'animal totem et les alliés, tous dévoués, patients et bons conseillers à l'infini.
J'ai trouvé une alliance nouvelle, invisible et fiable, réconfortante et évolutive,
une famille qui vient à pic dans ce moment de ma vie.
Dans le monde du milieu, le monde visible, la turbulence est grande.
Il s'agit d'être perméable et axé à la fois, conscient du jeu des formes toujours mouvantes.
A la seconde même, c'est du passé. Tout meurt et renaît sous une autre forme.
Un détachement s'opère, chacun électron libre au sein d'un monde où les croyances éclatent à grands fracas de désillusions. Tissage du jour le jour...la journée commence... comment se terminera-t-elle?

samedi 15 septembre 2012

Ce qui devrait me faire souffrir, ne me le fait plus
Ce qui devrait me faire dire stop, ne me le fais plus
Ce qui devrait me tirailler, ne me tiraille plus
Est-ce de l'indifférence? Oui, en partie
Je suis là, dans ce grand cirque et je ne sais plus
Ce qui était moi, le jour d'avant, s'efface
Ce qui reste? Le oui à ce qui est là
Mais le oui à cet instant pourra se dire par un non! retentissant qui me surprendra par sa vérité


lundi 3 septembre 2012

Hommage à Luis Ansa qui a éclairé ma route. La création entière est un éternel donner. Rien pour moi qui ne soit pour l'(es) autre(s).  Agir avec le coeur, connecté à la Source.